En 2016, le gouvernement colombien a signé un accord de paix avec les FARC, mettant fin à des décennies de conflit armé dans les zones rurales. L’un des principaux problèmes qui ont alimenté le conflit était la répartition inégale des terres, l’insécurité foncière et l’absence de titres légaux. Dans le cadre de l’accord, le gouvernement s’est engagé à mener une réforme agraire visant une transformation structurelle du secteur agricole et rural, en mettant l’accent sur la formalisation de la propriété foncière et la restitution des terres aux victimes. En outre, un cadastre national polyvalent était nécessaire pour fournir un registre foncier à jour et transparent, aider à prévenir de futurs conflits liés à la terre et faciliter l’accès des communautés rurales au crédit et aux ressources.

Les communautés indigènes, afro-colombiennes et paysannes comptent parmi les groupes les plus vulnérables de Colombie en raison de l’insécurité foncière, qui affecte leur capacité à améliorer leurs moyens de subsistance et à gérer les ressources naturelles de manière durable. La question du régime foncier est complexe, car les institutions gouvernementales chargées du travail cadastral n’ont pas été en mesure de cartographier de nombreuses zones rurales en raison, entre autres, de procédures inefficaces et bureaucratiques et d’intérêts particuliers. De plus, l’augmentation des investissements des grandes entreprises dans les ressources naturelles a accru la pression sur ces territoires.

C’est dans ce contexte qu’a été lancé le projet LAND-at-scale, explorant des moyens innovants pour accélérer les processus de formalisation foncière, à travers l’approche de gestion foncière adaptée aux besoins, de manière inclusive et durable. Les trois zones sélectionnées pour ce projet se caractérisent par une très faible implication du gouvernement ces dernières années, créant une situation instable dans ces zones rurales ; L’une des trois communautés est celle du peuple indigène Arhuaco de la Sierra Nevada de Santa Marta. Là où, à l’invitation du gouverneur autochtone, le projet soutient l’expansion des terres des réserves autochtones.

À l’invitation du gouvernement de la communauté Arhuaco dudit territoire, le projet LAND-at-scale Colombia soutient les processus d’expansion et de conservation du territoire indigène. Dans le cadre du projet LAND-at-scale, Kadaster, ICCO et Tropenbos travaillent main dans la main avec la communauté Arhuaco à Gunmaku, l’organisation Cabildo à Santa Marta et le gouvernorat de Magdalena pour promouvoir une meilleure gouvernance foncière en mettant l’accent sur des méthodologies participatives, rapides et efficaces pour l’administration foncière obtenue en développant les capacités locales. Le projet vise à sécuriser le régime foncier, à créer des opportunités économiques et à promouvoir une gestion durable de l’environnement local de manière intégrée.

Carte narrative : https://storymaps.arcgis.com/stories/3b6510c7e65c4f0f8152797be9480be3

Le paysage de la Sierra Nevada de Santa Marta est unique. La Sierra, formée géographiquement comme une formation isolée d’une autre chaîne de montagnes, est la formation enneigée la plus haute près de la mer, atteignant jusqu’à 5 775 mètres d’altitude. La Sierra alimente en eau trois départements. C’est le territoire ancestral de cinq communautés indigènes ; Ils l’appellent le Cœur du Monde, l’origine du monde et le lieu où émane l’énergie sacrée de la nature qui vit en chacun et en tout.

Ce lieu magique est couvert par une diversité d’écosystèmes naturels avec de nombreuses espèces endémiques, qui changent selon l’altitude et la situation géographique, de la mer des Caraïbes, en passant par les forêts sèches, les forêts andines, la lande (écosystème de montagne), pour atteindre ses sommets enneigés. Ici vous pourrez trouver des espèces emblématiques comme le jaguar (Panthera onca), la loutre (Lontra longicaudis) et des oiseaux de grande importance culturelle comme le coucou écureuil (Piaya cayana), qui transmettent des messages importants aux anciens de la communauté.

Dans la Sierra, il y a deux parcs nationaux naturels et un parc archéologique : Tayrona, Sierra Nevada et Teyuna. L’UNESCO a déclaré la zone réserve de biosphère et site du patrimoine mondial en 1979. La Sierra Nevada de Santa Marta est reconnue comme un écosystème unique au monde par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) (UNESCO, 2012 ; UNESCO, 2024), et le système de connaissances ancestrales des peuples autochtones Arhuaco, Kankuamo, Kogui et Wiwa, qui habitent cette zone, a été reconnu en 2022 comme patrimoine culturel immatériel de l’humanité (UNESCO, 2022). Un cinquième peuple autochtone, les Ette Ennaka, est moins reconnu car il ne compte qu’un millier de personnes dans sa communauté, dont plusieurs présentent un degré élevé de métissage (personnes d’héritage culturel et ethnique mixte) (ONIC, 2024). Pour les communautés indigènes, la Sierra est un territoire sacré qui exige le respect et la communion avec tout ce qui s’y trouve, en maintenant l’harmonie entre eux et en chacun de nous : entre la pensée, la parole et l’action basées sur les valeurs de chacun des peuples et communautés.

Plus précisément, la communauté indigène Arhuaco est composée de 22 134 personnes, qui habitent une superficie de 195 900 hectares dans les régions des municipalités de Santa Marta (département de Magdalena), Valledupar (Cesar) et Soledad (Atlántico) (HCR, Colombie). Le peuple Arhuaco, sous la direction de ses chefs spirituels, appelés mamos, cherche à maintenir une relation harmonieuse avec le territoire et essaie d’utiliser seulement 30% de ses territoires pour la production, laissant le reste à la nature.

Les Arhuacos qui ne vivent pas dans ces réserves s’installent dans des fermes et des ranchs de la région des Caraïbes, à la recherche de meilleures terres pour l’agriculture et l’élevage. Ces processus ont eu des impacts spécifiques sur la communauté, comme le métissage qu’elle a connu. En outre, la communauté a entrepris des processus de renforcement organisationnel et culturel, qui lui ont garanti un certain niveau de sécurité et d’autonomie (HCR, Colombie). La plupart des ressources monétaires des Arhuacos, qui proviennent du travail ou des dons, servent à acheter des terres ancestrales et à faciliter leur retour. Cependant, la communauté a été victime d’escroqueries et des erreurs se sont produites au cours de ces processus, car les personnes n’étaient pas pleinement informées des processus exacts ou n’étaient pas pleinement en mesure d’identifier si les documents étaient légaux.

En plus de ce qui précède, la présence de divers acteurs, tels que les églises évangéliques, les groupes armés illégaux, entre autres, a fracturé l’unité du peuple Arhuaco et déstabilisé ses structures institutionnelles et organisationnelles. Il est donc essentiel de renforcer les dirigeants et les associations pour préserver les aspects les plus sacrés de leur culture, qu’ils soient matériels, physiques ou spirituels (HCR, Colombie).